Butte rouge (La)

(1923 - Chanson de Montéhus mise en musique par Georges Krier)
(Fait référence à la « butte Bapaume », un lieu-dit inhabité dans les environs de Berzieux, et à un triste épisode de la bataille de la Somme (14-18).
On l’identifie souvent à toutes les répressions anti-ouvrières)
Sur c’te butte-là, y avait pas d’gigolette,
Pas de marlous ni de beaux muscadins.
Ah, c’était loin du moulin d’ la galette,
Et de Paname qu’est le roi des pat’lins.

C’qu’elle en a bu, du beau sang cette terre,
Sang d’ouvrier et sang de paysan,
Car les bandits, qui sont cause des guerres,
N’en meurent jamais, on n’tue qu’les innocents.

La Butte Rouge, c’est son nom,
l’ baptême s’fit un matin
Où tous ceux qui grimpaient
roulaient dans le ravin
Aujourd’hui y a des vignes,
il y pousse du raisin
Qui boira d’ce vin-là,
boira l’sang des copains.

Sur c’ te butte-là, on n’y f ’sait pas la noce,
Comme à Montmartre où l’champagne coule à flots.
Mais les pauv’ gars qu’avaient laissé des gosses,
I f’saient entendre de terribles sanglots.

C’qu’elle en a bu des larmes cette terre,
Larmes d’ouvrier et larmes de paysan,
Car les bandits qui sont cause des guerres,
Ne pleurent jamais car ce sont des tyrans.

La Butte Rouge, c’est son nom,
l’baptême s’fit un matin
Où tous ceux qui grimpaient
roulaient dans le ravin
Aujourd’hui y a des vignes,
il y pousse du raisin
Qui boit de ce vin-là,
boit les larmes des copains.

Sur c’te butte-là, on y r’fait des vendanges,
On y entend des cris et des chansons.
Filles et gars doucement y échangent,
Des mots d’amour qui donnent le frisson.

Peuvent-ils songer dans leurs folles étreintes,
Qu’à cet endroit où s’échangent leurs baisers,
J’ai entendu la nuit monter des plaintes,
Et j’y ai vu des gars au crâne brisé ?

La Butte Rouge, c’est son nom,
l’baptême s’fit un matin
Où tous ceux qui grimpaient
roulaient dans le ravin
Aujourd’hui y a des vignes,
il y pousse du raisin
Mais moi j’y vois des croix,
portant l’nom des copains.